EASY EYES
— Mia Marfurt
18th January, 2018 — 10th March, 2018EASY EYES
18th January, 2018 — 10th March, 2018 , Galerie Allen
EASY EYES
18th January, 2018 — 10th March, 2018 , Galerie Allen
EASY EYES
18th January, 2018 — 10th March, 2018 , Galerie Allen
EASY EYES
18th January, 2018 — 10th March, 2018 , Galerie Allen
Rambuteau, 2016
Epoxy, carbon fibre, pigments
200 x 250 x 7 cm
courtesy the artist and Galerie Allen, Paris
Duroc, 2016
Epoxy, carbon fibre, pigments
100 x 150 x 6 cm
courtesy the artist and Galerie Allen, Paris
Finkenkrug, 2013
2K silkscreen print on aluminium
250 x 51,5 cm diameter
courtesy the artist and Galerie Allen, Paris
Acqua Felice, 2018
artificial food casing, aluminum clips, water, Epson Ink
dimensions variable
Photo : Aurélien Mole
Courtesy the artist and Galerie Allen, Paris
Press release
English - French below
Mia Marfurt's artwork is concerned with spacial displacement. Many of her pieces evoke drawing even if her artworks have parted the realm of drawing. If the line was a starting point it has been extruded, expanded and formulated into a physicality that has less to do with mark making and more to do with physics. This voluminiosity brings her to sculpture. Mia Marfurt's drawings leave less space in the room.
Materiality and form are considered in precise and highly refined processes throughout all of Mia Marfurt (born 1985 in Zürich, Switzerland)'s works. Structure, surface and texture are exquisitely resolved to make each work function in seductive and elegantly efficient ways. Tubular forms evoke passages and tunnels that elucidate moving energy as if electrical conduits or blood flowing through veins.
Lines become form in the installation Aqua Felice, where several tubes of coloured liquid languor across the gallery floor. The plastic tubing, sourced from commercial food production, is the artificial casing for Switzerland's largest sausage. Rather than edible content the artist fills the casing with liquid coloured by a few drops of ink removed from Epson Ultrachrome printer cartridges. Cyan, magenta, yellow and black are the colours that the artist chooses to create 20cm diameter stripes running through the gallery. Printed lines exponentially magnified are imported into the architecture of the gallery; the accuracy and precision of the printer reminding us that we are living in a world of reproductions.
Reproduction and replication are also apparent in the vertically standing column Finkenkrug, 2013. A 2K silkscreen print on aluminum mimics ancient form in a 1:1 scale though realism is not the desired effect. The dense white image of a Greek column upon the industrial aluminium cylinder discloses to us that the work is a modern replica in a contemporary setting. This physically and metaphorically hollow copy represents the visual integrity of the antiquity but never tries to become it, urging us to consider why the simulacra may not possess the same qualities as the original standing some historical far-off place.
Rambuteau and Duroc are extrapolated line drawings made from a complex digital production process using carbon, epoxy, pigments, steel inserts and teflon. Drawn by hand directly onto the computer and output to a machine Marfurt embraces the negotiations of a human/machine interface. Hung on the wall like a painting at the large-scale 250cm x 200cm x 7cm (Rambuteau, 2016), the entangled 3-dimensional coloured piping speaks more about space than about painting. Marfurt redirects our consideration to the space where the works exist. Here a painting is simply an excuse for conversation about architecture, even if a very alluring; materially seductive and formally intriguing excuse.
Objects displace a greater volume than they appear to in Mia Marfurt's oeuvre. Lines solidify as cylinders, flat becomes round and printed images reproduce form as Marfurt reconfigures physics. The extrusion of line into form demands our bodies to consider the space outside and around the object as our eyes gaze upon the object itself. Considering the beauty and the integrity of the objects themselves Marfurt inflicts a uncanny and revelatory deflection.
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L'oeuvre de Mia Marfurt explore ce qui, dans l'espace, se déplace. Nombre de ses créations peuvent évoquer le dessin, bien qu’elle soit sortie de ce domaine. Si la ligne est le point de départ, elle a été extrudée, dilatée et incarnée dans une physicalité qui relève moins du pur marquage que de la physique de l’espace. Cette science du volume l'amène à la sculpture. Les dessins de Mia Marfurt investissent l'espace d'une pièce.
La matérialité et la forme sont traitées à travers des processus très raffinés dans toutes les créations de Mia Marfurt (née en 1985 à Zürich, en Suisse). L'élégance de ses oeuvres opère à merveille par la dissociation exquise qu'elle opère entre les éléments de structure, de surface et de texture, les révélant au regard. Les formes tubulaires y évoquent des couloirs et tunnels qui rendent visibles l'énergie en mouvement, à l'image de l'électricité circulant dans les câbles ou du sang qui coule dans les veines.
Les lignes deviennent formes dans l'installation Aqua Felice, qui donne à voir plusieurs tubes d'eau colorée reposant sur le sol de la galerie. Le plastique qui donne sa forme aux tubes, issu de la production industrielle alimentaire, sert ici de contenant artificiel pour la plus grosse saucisse de toute la Suisse. Plutôt que de la remplir avec un fourrage comestible, l'artiste utilise un liquide coloré au moyen de quelques gouttes d'encre de cartouches d'impression Epson Ultrachrome. Cyan, magenta, jaune et noir : ce sont les couleurs que l'artiste choisit pour créer des traces de 20 cm de diamètre qui traversent la galerie. Des lignes imprimées, exponentiellement magnifiées, sont intégrées dans l'espace architectural de la galerie; l'exactitude et la précision de l'impression nous rappellent que nous vivons dans un monde de reproductions.
La reproduction et la copie sont également présentes dans la colonne verticale Finkenkrug (2013). La sérigraphie sur aluminium avec une résolution en 2K imite une forme antique à échelle 1:1, bien que le réalisme ne soit pas l'effet recherché. L'image blanche et dense d'une colonne grecque sur un cylindre d'aluminium industriel nous annonce que l'oeuvre est une réplique moderne dans un cadre contemporain. Cette copie creuse, sur le plan physique comme métaphorique, figure l'intégrité visuelle de l'antiquité sans jamais chercher à vouloir se cacher. Ce faisant, elle nous invite à nous demander pourquoi le simulacre ne possède pas forcément les mêmes propriétés que l'original, resté debout quelque part dans un lieu distant marqué par l'histoire.
Rambuteau et Duroc sont des dessins en forme de lignes extrapolées, résultat d'un procédé de production numérique complexe à base de carbone, époxy, pigments, pièces insérées en acier et Téflon.
Dessiné à la main directement sur ordinateur et transféré à une machine pour impression 3D. Marfurt fait sien le dialogue propre à l'interface homme/machine. Accrochée au mur, telle une peinture grand format de 250cm x 200cm x 7cm (Rambuteau, 2016), l'oeuvre de tuyaux colorés emmêlés en trois dimensions en dit plus sur l'espace que sur la peinture. Marfurt réoriente nos considérations sur l'espace à l'intérieur duquel l'oeuvre existe. Ici, l'apparence de peinture est avant tout une excuse pour parler d'architecture, même si l'excuse est très attirante, séduisante sur le plan matériel et intrigante sur le plan formel.
Les objets déplacent un volume plus grand qu'ils n'en ont l'air dans l'oeuvre de Mia Marfurt. Les lignes se solidifient en cylindres, les plats deviennent arrondis et les images imprimées reproduisent une forme, sous l'effet de la reconfiguration physique opérée par Marfurt. L'extrusion de lignes en formes dimensionnelles force nos corps à considérer l'espace à l'extérieur et autour de l'objet tandis que nos yeux contemplent l'objet lui-même. De par la beauté et de l'intégrité des objets eux-mêmes, Marfurt nous met face à un détournement troublant et révélateur.
Traduit par Noam Assayag